mercredi 15 juillet 2009

Et tout recommencera...

Ce que tout vazaha a déjà fait une fois (ou fera bientôt) :

- Aller nager à la piscine du Carlton.
- Faire un spa au Palissandre.
- Un massage au chocolat (qui coute le salaire minimum mensuel malgache) au Palissandre.
- Aller choper de la malgache au Pandora.
- Partir en week-end à Nosy Be, Diégo, Mahajanga, Tamatave, Sainte-Marie ou encore Fort-Dauphin (en avion), ou à Andasibe, Anstirabe, Fianarantsoa (en 4x4).
- Constater et médire sur la mollesse d’esprit des malgaches et élaborer des explications douteuses quant à ce problème social.
- Faire un pique-nique chez un ami vazaha.
- Boire de la THB.
- Manger un pavé de zébu ou du très bon foie gras malgache tellement pas cher !
- Aller au Duty Free pour acheter du champagne.
- Se faire appeler vazaha par un gamin de la rue et l’insulter pour qu’il lâche la portière et le laisse tranquille.
- Se faire harceler par des hordes de vendeurs aux marchés aux touristes.
- Acheter des statues en bois.
- Acheter des couverts à salade en corne de zébu.
- Regarder méprisamment un SDF sale, unijambiste et malade sur le bord de la route en accélérant nerveusement (et en l’insultant accessoirement).
- Failli emboutir un taxibé.
- Se bourrer la gueule en centre ville et rentrer complètement ivre en voiture jusqu’à chez lui.
- Se faire cambrioler (par un inconnu ou par un connu, genre la femme de ménage).
- Rater un gros contrat à cause de l’incompétence d’un malgache qu’il virera prestement.
- Se faire arrêter par des policiers, de nuit, mais ne pas s’arrêter.
- Failli écraser des dizaines de personnes qui traversaient n’importe comment lorsqu’il était en voiture (accessoirement, en avoir tué ou renversé méchamment un ou deux).
- S’énerver dans les embouteillages.
- Respirer les pots d’échappement (oups, il avait oublié la clim !).
- Se plaindre sur sa condition d’expatrié et jalouser le voisin, le copain.
- Critiquer la politique du pays dans lequel il s’est expatrié.
- Critiquer la politique de son pays d’origine.
- Aller à une réception de l’ambassadeur français pour la fête nationale française (dont les malgaches n’en n’ont rien à faire).
- Partir dans un autre pays sous-développé et… tout recommencer.

Les motivations du vazaha ou qu’est ce qui le pousse à rester ?

Après tous ces points abordés sur le statut des vazahas à Tana, on peut se demander : mais qu’est ce qui le pousse à rester ?

Il faut savoir avant toute chose que le vazaha est maso. Il aime se faire du mal, il aime être malheureux, il aime côtoyer la misère : ça le réconforte.

Lorsqu’il pense à ce que sa vie pourrait être s’il était resté en France, ça lui remet vite fait les idées en place : en France, il paierait des impôts, il ne serait pas bronzé toute l’année, il ne partirait pas en week-end en avion, et il aurait un salaire moins important.

Autant de points matériels et superficiels qui font que le vazaha préfère bien évidemment rester dans un pays pauvre qu’il déteste, mais où il a des avantages.

La mentalité vazaha

Aujourd’hui un petit quiz pour savoir si vous avez la « mentalité vazaha ».

In-dis-pen-sa-ble à faire avant d’envisager une expatriation potentielle sur la Grande Ile.
Mesurez dès à présent votre mentalité, et votre approche de l’altérité !

1. Souhaiteriez-vous vivre dans un pays que vous n’aimez pas ? Oui/Non

2. Souhaiteriez-vous passer vos journées à critiquer tout ce qui se trouve autour de vous ? Oui/Non

3. Trouvez-vous que les malgaches sont sous-développés économiquement, culturellement et intellectuellement ? Oui/Non

4. Pensez-vous que si les malgaches sont pauvres c’est de leur faute ? Oui/Non

5. Aimeriez-vous ne pas apprendre la langue du pays dans lequel vous partez vivre ? Oui/Non

6. Auriez-vous préféré que la colonie française se maintienne et fasse de cette grande île un paradis à touristes où vous auriez pu vivre convenablement ? Oui/Non

7. Aimeriez-vous profiter d’une prostitution pas chère ? Oui/Non

8. Aimeriez-vous vous féliciter de ne pas avoir à trier vos déchets car le recyclage, penseriez-vous, se fait naturellement dans toutes les bennes à ordure de la ville ? Oui/Non

9. Accéléreriez-vous après avoir senti quelqu’un heurter la jolie carrosserie de votre joli 4x4 ? Oui/Non

10. Préfèreriez-vous être malheureux mais sur-payé dans un pays que vous n’aimez pas ? Oui/Non

11. Conspuez-vous tous les aspects de la culture malgache ? Oui/Non

12. Ne voyez-vous pas d’inconvénient à vous foutre ouvertement de la gueule des malgaches quand ils sont à côté de vous ? Oui/Non

Résultats :

Une majorité de « Oui » : Bravo ! Vous pouvez préparer votre valise dès à présent et acheter dans la foulée votre billet aller simple pour Madagascar ! Vous êtes fin prêt à vous expatrier dans un pays pauvre ! Vous avez la « mentalité vazaha », et vous savez profitez des avantages que vous offre votre statut de blanc riche où que vous alliez. Faites tout de même attention à ne pas apprendre trop de choses de la culture malgache et n’oubliez pas de vous tordre de dégout si vous veniez – par malheur – à goûter de la cuisine malgache !

Une majorité de « Non » : Désolé ! Vous n’avez pas du tout la « mentalité vazaha ». Vous ne survivrez pas dans le monde sans pitié des expatriés. Autant renoncer toute de suite à vos envies d’exotisme et d’expatriation. Vous êtes trop gentil, trop pur. Retentez votre chance pour vous serez devenu raciste.

Comment le vazaha occupe-t-il ses soirées ?

A Tana, le vazaha sort dans des endroits fréquentés majoritairement par des blancs et par des personnes à couleur de peau plutôt foncée plus riches que lui (le vazaha tente constamment d’élucider le mystère de l’existence d’une telle chose).

En boite, le vazaha sort au Bus, au 6, au Pandora quand il veut du sexe, à l’Indra quand il veut du sexe glauque, au caveau quand il veut du glauque, et au nouveau Buddha Club quand il veut se faire voir en société et prendre la température des nouvelles filles sur le marché.

Le vazaha ne sort jamais manger dans des « gargottes », les sortes de restos malgaches de bord de chemins dans lesquelles ils servent soupes et beignets.

La nourriture y est tellement pas chère que le vazaha ne peut se rabaisser à consommer de tels produits. Il ne se doute pas toujours que lorsqu’il va dans un restaurant qu’il considère digne de cette appellation, on lui servira probablement les mêmes aliments que ceux qu’il voit au bord des routes.

Mais le vazaha préfère de toute façon ne pas savoir.

Les enfants du vazaha

Les enfants du vazaha, comme de l’expatrié en général, ont la chance unique et merveilleuse de grandir dans un pays exotique, dans un environnement paradisiaque, entouré d’autochtones à demi-nus courant sur les plages et sirotant des noix de cocos.

Foutaises ! The End ! Retour à la réalité !

Les enfants du vazaha grandissent contrits dans un environnement méfiant et isolé de la population locale. Ils sont élevés dans la mentalité post et néo-colonialiste que leur parents leur enseignent.

Il est peu commun de trouver un enfant de vazaha encore puceau à 14 ans. En effet, grâce à l’exemple que lui donne son père, l’enfant du vazaha adoptera très tôt une attitude intéressée envers la gente féminine locale et n’omettra pas de gouter au plaisir charnel, avec…

L’enfant du vazaha sera également alcoolique dès son plus jeune âge. Il accompagnera ses parents à leurs repas d’affaires, le dimanche, dans les propriétés des ministres, il connaitra ses premières cuites au champagne. Plus grand, il échappera à ces rendez-vous forcés en prétextant son cours de tennis ou de piano privé.

L’enfant du vazaha pourra fièrement prendre la suite de ses parents, professionnellement et socialement. Il fera son nid dans l’entreprise familiale, et accèdera aux postes les plus hauts grâce à ses fréquentations. Il aura du personnel de maison (gardera peut être ceux qu’ils avaient quand il était jeune, s’ils ne sont pas morts), il sortira dans la même société mondaine que ses parents, et se mariera avec une femme expat’ ou fille d’expat’ de préférence.

Le vazaha et l’argent

Soyons lucide, le vazaha a un super pouvoir d’achat à Madagascar. Le vazaha a un salaire de loin supérieur à celui qu’il aurait pu gratter après des dizaines d’années de travail dans la même boite, s’il était resté en France.

Le vazaha est riche, mais il a un problème majeur : trouver les moyens de dépenser son argent ! Le vazaha déplore l’absence de lieux culturels, comme les galeries d’art, les expositions, les ventes aux enchères, les musées, les vernissages, les pièces de théâtre, les spectacles de danse, ou les cinémas de quartier. Bien qu’il n’ait jamais mis les pieds dans la moitié de ces établissements, il aime savoir que ces éléments issus de sa belle culture occidentale existent dans son entourage, met s’en plaints quand il n’y en a pas.
Le vazaha déplore la monotonie de ses soirées du samedi soir, dans les mêmes bars, les mêmes boîtes, les mêmes restos, avec les mêmes travailleuses de nuit. Il pense avec nostalgie aux garden-parties qu’il a pu faire, aux soirées échangistes, aux virées nocturnes en boite pour pécho, ou encore aux bals masqués donnés annuellement par ses amis du 16ème.

Le vazaha a l’impression qu’il peut tout acheter, que pour lui « tout est gratuit ». Il ne sent plus de limites pour ces chandails en cachemire, cette table en bois fossilisé ou ce service 12 couverts en porcelaine. Tout prix lui est dérisoire. Le vazaha compare constamment l’Ariary et l’Euro pour se donner bonne conscience et constater que oui, vraiment, ça vaut pas grand-chose et qu’il faut en profiter !

Le vazaha vit dans le monde de Bambi (l’animal dessiné), dans un monde sans problèmes d’argent, où il joue à la dinette, à la marchande, où il peut fréquenter des hôtels de luxe, des restaurants chicos et se procurer toutes les filles qu’il veut. Tout lui est devenu possible, sa carte bleue n’a plus de limites. Il vit désormais une vie de luxure. Lui, qui, en France, peinait à boucler ses fins de mois, après avoir payé ses impôts, le crédit de l’appart’ sur les Champs, la voiture du dernier, l’école de commerce de l’aînée, et les séjours linguistiques du cadet. Lui qui se limitait à une sortie restaurant + cinéma + bar lounge par semaine. Lui qui se plaignait de la dureté de la vie en France, à cause de cette crise qui semble s’acharner sur lui… Enfin ! il a trouvé un environnement où il se fait plaisir, où il est le roi, où il peut pavaner, et où il n’est plus obligé de faire ses comptes.

Attention ! le vazaha n’avouera jamais les facilités qu’il a. Il veillera toujours à se plaindre un minimum de sa vie d’expatrié pour que ses interlocuteurs ait un peu pitié de lui.

Le vazaha est redevenu enfant, à la différence que lorsqu’il fait un caprice, il a maintenant les moyens de se l’offrir.

Le vazaha, raciste ?

Le vazaha ne se définit pas comme quelqu’un de raciste mais il n’aime pas les malgaches.

Il critique :

leurs coutumes
leur culture
leur langue
leur nourriture
leur système éducatif
leur système économique
leur politique
leur système de défense nationale
leurs institutions privées
leur agriculture
leur architecture
leur système de santé et de soins, etc.

Le vazaha ne se définit pas comme un néocolonialiste, mais il profite des richesses, des biens, et des privilèges que lui offre Madagascar. Il ne manque pas une occasion de faire remarquer que le pays était beaucoup plus en forme économiquement et esthétiquement lorsque la colonisation française était encore en place.


Le vazaha arbore des idées tout à fait singulières quant à la construction d’un avenir meilleur pour ce peuple en déperdition et face à la crise politique et sociale qu’il subit.

mercredi 8 juillet 2009

Le vazaha, roi de l’expatriation

Le vazaha – ou l’expatrié – n’en a rien à faire du pays dans lequel il vit. Seul compte son pouvoir d’achat et la bonne vie qu’il peut y mener.

Son idéal serait :
- de vivre sous le soleil en permanence (afin d’être bronzé et d’économiser les séances UV qu’il ferait dans son salon de beauté en France)
- de pouvoir trouver tous les produits française qui sont indispensables à son bon développement personnel, à savoir le foie gras, le vin français, le champagne Chanson & Moët, le lait Canbia, les biscuits Lou, les pommes de terre nouvelles à l’automne, la rhubarbe, la salade du jardin de mémé, la confiture Bonne Mamie, le miel de montagne, le cacao Paulain, le café Nesgafé, le shampooing Dave, le savon Le Petit Bordelais, etc. Le vazaha accepte néanmoins de manger local (langouste, crevettes, poissons, etc.) seulement quand il va en bord de mer et qu’il peut s’assurer de la provenance de ces aliments.
- d’avoir un salaire et un pouvoir d’achat de folie afin qu’il puisse, le week-end, s’acheter tout ce qui le tente (de la noix de coco au jet-ski).
- et surtout, d’avoir le moins de contacts possibles avec les autochtones, de vivre le plus possible éloigné d’eux, physiquement, et culturellement.
- notons toute fois que le vazaha, bien qu’allergique à la population locale, ne rechigne pas sur la compagnie des jeunes filles autochtones, chaudes, (forcée mais) consentantes, à demi-nues et qui se collent souvent à son corps blanc.

Le vazaha en Malgachie

Le vazaha se sent menacer par les autochtones malgaches, qui selon lui, en ont après ses signes extérieurs de richesse et de luxure et qui ne désirent qu’une chose : le piller, le voler, lui faire payer son insolence…

Il se méfie constamment, se promène la peur au ventre, ne s’attarde pas dans la rue et fuit le regard des malgaches.

Le vazaha crée des mythes dans la vazaha-sphère qui règlent sa conduite et celle de ces concitoyens expatriés. Ainsi, tout vazaha ne doit jamais :
Prendre un taxi qui risquerait de tomber en panne ou qui l’emmènerait dans un quartier malfamé pour le voler.
Conduire sans fermer ses portières à clé, car il risquerait, à coup sûr, de se faire « carjacker ».
Boire de jus naturel, parce que ça rend universellement malade.
Prendre un taxi-brousse, car il sait que tous les chauffeurs de taxi-brousse ne savent pas conduire et qu’en plus ils le font après avoir bu des litres de rhum Dzama.

Le vazaha sédentaire connaît tout le pays, rien qu’en écoutant les multiples récits de ses compatriotes téméraires. Il s’aventure rarement à découvrir un nouveau coin s’il pas récolter et confronter une demi-douzaine d’avis à ce sujet. Il aime retenir et prononcer les noms exotiques à rallonge (Maevatanana, Ambohimanga, Maroantsetra…), pour faire voir que oui, il connaît les endroits où il peut faire de la plongée, où il peut manger des langoustes pas cher et où les lodges ne sont pas trop sales.

Le vazaha se félicite chaque jour d’être né dans le bon hémisphère.
 
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